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michel henritzi
22 juillet 2013

HERITAGE, a film by Benoit Perraud

AVANT PREMIERE au THEATRE DE L'AUDITORIUM DE POITIERS LE 30.11.2013

Heritage, l'histoire d'un feedback

" Parfois, on n'a plus qu'à essayer de voir ce qu'on peut encore faire comme musique avec ce qu'il nous reste." James Sallis in Salt River, Ed. Gallimard / Série Noire. 

Dans un monde où chaque jour l'obscurité regagne des territoires sur les Lumières, dévore le coeur des hommes, nous laisse seul face à nos frayeurs, à ce qui nous contraint et nous sépare, on se raccroche à des livres, des musiques, des images, comme une consolation nécessaire. Et plus encore on écoute de vieux disques, lis de vieux bouquins, comme si nos aïeux nous faisaient de grands signes pour nous raccrocher à l'Histoire. On y cherche du sens, à renouer des fils dénudés, rompus. A se réapproprier cette histoire, ces histoires.

« In girum imus nocte et consumimur igni* », Guy Debord, Ed. Allia

Au fond ce palindrome dit l'histoire du blues, tout au moins ce qu'il nous raconte. Une histoire qui se mord la queue. Une boucle sans fin. Un feedback.

Héritage est l'histoire d'un feedback, de Billie Holiday à Angela Davis, de cette écrivaine féministe à un petit blanc du XXIème siècle qui s'approprie cette héritage pour mettre en résonance ce qui nous rassemble, nous sépare. Toute l'histoire de la musique est une histoire faite d'emprunts et de pillages, d'appropriations et de ressassements. Jouer du blues comme Robert Johnson est juste impossible, l'enregistrement a changé la donne, on peut reproduire sa musique, certes pas l'habiter. Que faire d'un bouquin sur blues et féminisme dans une époque qui transforme toute révolte en marchandise culturelle, où le blues n'est au fond plus qu'un exotisme parmi d'autres. Que faire de sa charge sexuelle, triviale, dans un monde où la pornographie est la norme. Que peuvent bien au fond encore nous chanter Bessie Smith ou Billie Holiday ? Peut-être juste nous dire qu'au fond rien n'a vraiment changé. Que les raisons de se révolter sont toujours là dressées devant nous. Héritage est l'histoire d'une reprise, une cover, on reprend paroles et musique qu'on transpose dans un autre contexte, avec nos propres rythmes, tonalités, variations et on regarde, on écoute ce que cela produit. Peut-être juste un feedback. Le feedback est un phénomène acoustique produit par un accident technique. Quand l'émetteur et le récepteur se renvoient un son, produisant son reflet, son double, sa catastrophe. Comme un miroir acoustique. Ca dérange l'écoute, ca nous sort du confort du salon culturel et après ? Rien ? Un foutu blues, il faut pourtant continuer à jouer, le spectacle continue. Peut-être qu'une seule chanson nous rend un peu meilleur, peut-être qu'une seule chanson provoque une prise de conscience, une envie de se révolter, de sortir de la nuit, d'atteindre le jour, de recommencer, d'apporter un nouvel éclairage sur la nuit qui nous enferme dans nos peurs et nos préjugés. Juste jouer pour que le monde ne s'éteigne pas sans bruit, ou plutôt mettre de la musique dans le bruit de nos silences complaisants, complices, mortifères. Jouer, encore jouer. Jouer c'est écouter, entendre. Jouer avec nos fantômes, ce qui nous hante. Une voix, son éros ...

Fièvre - brûlante maintenant. Je veux m’en aller, suivre la musique me laisser prendre à son tourbillon, sombrer avec elle.” James Ellroy in White Jazz, Ed. Rivage

 

 

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* nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu.

pic by françois perlier

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michel henritzi
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